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Rencontres annuelles de l’Association d’Afrique Australe pour la Gestion de la Faune Sauvage

  • luciemcthel
  • 25 sept. 2023
  • 4 min de lecture

Dernière mise à jour : 29 oct. 2023

Ce mois-ci, on poursuit la saison des conférences, cette fois avec les rencontres annuelles de la SAWMA, qui ont eu lieu dans le superbe Parc National Golden Gate. Rien de tel que de prendre un peu de hauteur pour comprendre les relations entre théorie et application de la conservation...



SAWMA, c’est la Southern African Wildlife Management Association. Comme chaque année, elle propose aux gestionnaires et écologues de réserves, mais également aux chercheurs et associations qui œuvrent dans le domaine de l’écologie et de la conservation, de se réunir pour échanger autour des récentes découvertes scientifiques et méthodes de suivi et gestion de la biodiversité. Du 11 au 14 septembre, nous étions dans le Free State, en Afrique du Sud, avec les étudiants en honours (équivalent à la fin de la licence en France) du Wildlife Ecology Lab pour rencontrer les acteurs de la gestion, conservation et recherche sur la faune des écosystèmes d’Afrique Australe.


La gestion de la faune sauvage en Afrique du Sud

Le modèle de conservation Sud-Africain est très particulier, car contrairement à la plupart des pays, la majorité de la biodiversité se trouve dans des réserves clôturées et de taille modeste. Ces réserves, qu’elles soient privées (gérées par des particuliers) ou publiques (gérées par l’état), accueillent la plupart du temps des touristes, ce qui leur procure un apport financier nécessaire à leur fonctionnement. Ces différents aspects impliquent souvent une forte intervention humaine afin de maintenir un écosystème à la fois fonctionnel sur le plan biologique et attractif sur le plan touristique. En effet, les différents groupes fonctionnels, c’est-à-dire l’ensemble d’espèces qui ont des traits biologiques similaires et donc des rôles semblables au sein de leur écosystème, ne sont pas forcément représentées de façon équitable par rapport à la place qu’elles devraient occuper dans un écosystème naturel. C’est souvent le cas des grands prédateurs par exemple. Étant très appréciés par le public, ceux-ci sont souvent sur-représentés dans les réserves privées. D’autre part, la présence de clôtures empêche la dispersion (c’est-à-dire le départ vers de nouveaux territoires) des jeunes individus et la fertilité de ces espèces étant élevée, leur nombre dépasse rapidement la capacité de charge (soit le nombre total d’individus que le milieu peut supporter). Il peut donc être nécessaire de réguler ces populations artificiellement.

D’autre part, la croissance de la végétation, les régimes de feux (qui font partie intégrante du fonctionnement naturel des écosystèmes de savane mais présentent des risques pour le tourisme et les infrastructures), l’érosion des sols, et tous les autres processus naturellement régulés dans un environnement fonctionnel, sont souvent altérés dans de tels milieux et nécessitent a minima un suivi, voire des interventions humaines régulières afin d’assurer la pérennité de la réserve.

En pleine présentation lors des conférences de la SAWMA !

Comprendre ces processus dans les milieux naturels, et comment ils sont affectés dans les réserves clôturées, permet de documenter les pratiques de gestion et de les ajuster au mieux afin de se rapprocher d’un fonctionnement naturel. C’est ce que les acteurs de la recherche et de la conservation tentent de faire notamment par des approches de gestion adaptative (ajuster les pratiques selon les avancées des connaissances et les réactions du milieu à une pratique donnée), et c’est ce qui est discuté lors des rencontres de la SAWMA. Allant de l’estimation des densités de populations et régime alimentaire des guépards, à la mise en place de mesures de protection contre la détérioration des arbres par les éléphants, en passant par la planification de la création de futurs corridors de biodiversité (des zones qui permettent de connecter plusieurs espaces naturels afin de favoriser le déplacement de la faune), les sujets présentés lors de cette conférence nous ont permis d’aborder de nombreux aspects important pour la conservation en Afrique Australe.


Un petit aperçu de Golden Gate

Reconnu parc national en 1963, Golden Gate couvre aujourd’hui plus de 11 000 hectares et partage sa frontière Sud avec l’état du Lesotho. Il abrite des espèces qu’on ne trouve presque nulle part ailleurs, telles que le gnou noir (black wildebeest en anglais) ou le damalisque à front blanc (blesbok). C’est également un des derniers refuges du gypaète barbus (bearded vulture) en Afrique du Sud, une espèce de rapace que l’on trouve également dans les Pyrénées ! Le parc a ainsi pour vocation d’assurer la pérennité d’espèces rares et en danger, mais plus largement de protéger un des écosystèmes les plus négligés à l’heure actuelle en termes de conservation : les prairies.

A gauche : un gnou noir semble troublé par ma présence au milieu d'une prairie fraichement brûlée; A droite : vue sur l'une des prairies vallonnées au coeur du parc


Golden Gate est également célèbre pour ses formations géologiques saisissantes, telles que ses grandes falaises de calcaire éclairées de reflets dorés par le soleil couchant d’où il tire son nom. Le parc regorge de traces d’un héritage historique et culturel puisque certaines grottes comportent des peintures murales qui témoignent de la présence du peuple San. Celles-ci ne sont malheureusement plus accessibles au public car ayant été sévèrement détériorées. Pour finir, Golden Gate se situe dans l’un des bassins-versants les plus important en Afrique du Sud et fournit plus de la moitié de la ressource en eau du pays.

La falaise emblématique du Golden Gate National Park

Aucun animal sauvage dangereux ne se trouvant dans le parc (tels que le lion ou l’éléphant par exemple), il est possible de randonner en toute liberté, un atout de taille pour le tourisme ! En revanche, ce dernier point fait de Golden Gate un très bon exemple de ce que signifie un écosystème “non-naturel” en termes de gestion, puisque l’absence de grands prédateurs implique que chaque année, plusieurs milliers d’antilopes doivent être déplacées ou abattues afin de réguler la croissance de leurs populations et ainsi limiter la pression qu’elles imposent sur la végétation et les sols.

A gauche : l'une des grottes de Golden Gate accessible au public; A droite : une petite randonnée équestre au coeur du parc en compagnie de Hannah Edwards (doctorante à l'Université de Cape Town, Afrique du Sud) et Rob Davis (post-doctorant au Wildlife Ecology Lab, qui prend la photo !)


La rencontre entre les scientifiques et les gestionnaires de réserves, tant privées que publiques, est capitale car elle permet d’aligner théorie et pratique de la conservation. C’est l’occasion pour les scientifiques de prendre conscience des réalités du terrain, et pour les gestionnaires de découvrir les dernières nouveautés en termes de méthodes de suivi de la faune, mais aussi de connaissances des espèces qu’ils gèrent au quotidien.


C’est tout pour ce mois-ci, à bientôt pour un prochain post !


Crédits photos : Lucie Thel, Rob Davis

 
 
 

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