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La conservation en France

Moi c’est Lisa, enseignante de biologie-écologie en lycée agricole. J’ai réalisé des études en écologie, pendant lesquelles je me suis intéressée à la question de la conservation. Aujourd’hui, je prends temporairement le relais de Lucie pour vous présenter quelques éléments sur la conservation en France, en réponse à l’article du mois dernier sur la conservation en Afrique du Sud.



Le principe de protection d’un patrimoine naturel voit d’abord le jour dans les pays anglo-saxons, avec la création du premier parc naturel aux États-Unis, l’emblématique Parc National de Yellowstone, en 1872. En France, les patrimoines culturel et bâti sont les premiers à faire l’objet de protection grâce à la création des « monuments historiques » en 1793 (1). Ce n’est qu’en 1930, soit plus d’un siècle plus tard, qu’une loi est créée pour organiser « la protection des monuments naturels et des sites de caractère artistique, historique, scientifique, légendaire ou pittoresque » (2). Dans un premier temps, c’est donc la notion de paysages qu’on veut défendre, afin de permettre l’essor du tourisme notamment. C’est encore plus tard, dans les années 1990, que le terme de « biodiversité » apparaît, et avec lui, une volonté de protéger et gérer les milieux naturels. La conservation en France, qu’est-ce que c’est ?

 

Une diversité des modèles de conservation

La volonté de préserver le patrimoine naturel en France apparaît en 1930 (2), mais il faut attendre les années 1960 pour voir naître des mesures réellement efficaces.

Dans un premier temps, la question de la place de l’être humain dans ces espaces de protection est posée : est-ce que l’on souhaite sanctuariser la nature en interdisant toute activité humaine ou justement, est-ce que l’on veut réglementer cette activité ? La conservation de la nature vise à protéger les espaces et les espèces face à des menaces d’origine le plus souvent anthropiques, c’est-à-dire liées à l’Homme. Une première vision de la conservation veut donc exclure complètement les activités humaines des espaces protégés. Des « réserves intégrales » sont ainsi créées dans les colonies françaises, bannissant toute activité humaine, et allant même jusqu’à la confiscation de terres. Cette sanctuarisation est cependant controversée, et des alternatives sont mises en place. L’idée est maintenant de réglementer les activités humaines dans les zones protégées, sans pour autant les interdire totalement (1).

À partir des années 1960, de nombreux modèles de conservation voient le jour, en plus des réserves de chasse (où la chasse est interdite) et des réserves biologiques en forêts publiques (zones de protection spécifique des forêts publiques). Les Parcs Nationaux sont créés en 1960, suivis par les Parcs Naturels Régionaux en 1967. Des Réserves et des Conservatoires d’Espaces Naturels sont mis en place à partir de 1976. Aujourd’hui, il existe également des réserves biologiques dirigées ou intégrales, des ZNIEFF (Zones Naturelles d’Intérêt Écologique Faunistique et Floristique), des zones Natura 2000, … On finit par s’y perdre ! Simplifions un peu tout cela et concentrons-nous ici sur deux types de zones protégées très charismatiques : les Parcs et les Réserves Naturelles.


Les aires protégées en France (source: Luberon Nature)

Deux types de parcs : les Nationaux et les Naturels Régionaux

En France, il existe deux types de Parcs : les Parcs Nationaux (PN) et les Parcs Naturels Régionaux (PNR). Mais quelles sont leurs différences (3) ? Tout d’abord, les modes de création et de gestion sont différents. Les Parcs Nationaux, comme leur nom l’indique, sont créés sur décision gouvernementale et sont gérés par des établissements publics nationaux. Les Parcs Naturels Régionaux sont créés sur décision du Conseil Régional et gérés par des syndicats mixtes de collectivités locales. L’autre différence entre ces deux modes de conservation réside dans leur réglementation. Un Parc National est découpé en plusieurs zones, qui définissent le niveau de protection. Les « cœurs » de parcs sont les zones où la réglementation est la plus stricte, ils sont le plus souvent peu peuplés. Les « aires d’adhésion », qui se situent autour, voient leur réglementation s’assouplir à mesure qu’on s’éloigne du cœur. Ainsi, la chasse, la pêche et les activités humaines de façon générales sont soumises à une réglementation stricte et spécifique à chaque parc. Ces activités peuvent être interdites ou limitées dans certaines zones du parc, comme dans le cœur par exemple (4).


Les Parcs naturels en France métropolitaine : Parcs Naturels (rouge), Parcs Naturels Régionaux (vert), Parcs Naturels Marins (bleu) (source: Wikimedia)

Les Parcs Naturels Régionaux, quant à eux, ont pour objectif de conserver des patrimoines humains, patrimoniaux ou environnementaux. La chasse et la pêche y sont permises, et les activités humaines n’y sont pas plus réglementées qu’ailleurs. Dans ce cas, il s’agit plus de projets d’aménagements, dont l’objectif est de permettre le développement économique et social du territoire, tout en préservant et en valorisant certaines richesses naturelles. Les activités économiques et l’urbanisme y sont permis, mais sont pensés pour être respectueux de l’environnement (5). En d’autres termes, le Parc National est plus rigide que le Parc Naturel Régional en ce qui concerne la protection de la nature, car ils n’ont pas les mêmes objectifs.


Le Parc Naturel Régional des Causses du Quercy, non loin de Montauban

Et les Réserves Naturelles dans tout ça ?

Encore une fois, on distingue plusieurs types de Réserves Naturelles : les Réserves Naturelles Régionales (RNR), les Réserves Naturelles Nationales (RNN) et les Réserves Naturelles de Corse (RNC) (6). Ce sont des zones de protection forte. Les Réserves Naturelles Nationales sont des « outils de protection à long terme d’espaces, d’espèces et d’objets géologiques rares ou caractéristiques, ainsi que de milieux naturels fonctionnels et représentatifs de la diversité biologique en France » (7). Les Réserves Naturelles Régionales ont les mêmes objectifs, mais elles sont créées par les régions (7). Pour simplifier, ce sont des outils forts de préservation des milieux. Elles se situent souvent entre le cœur des Parcs Nationaux et les aires d’adhésion, permettant une transition de l’une vers l’autre (8). Il est donc possible que plusieurs niveaux de protection se superposent ! Ces trois types de Réserves partagent des objectifs communs qui sont de « protéger les milieux naturels, ainsi que les espèces animales et végétales et le patrimoine géologique, gérer les sites et sensibiliser les publics » (6).


La Réserve Naturelle Régionale Confluence Garonne-Ariège, près de Toulouse

D’accord, mais quelle est la différence avec les Parcs ? Les réglementations des Réserves Naturelles sont d’un côté plus strictes que celles des Parcs Naturels Régionaux, mais moins restrictives que celles des Parcs Nationaux. Elles jouent en quelques sortes un rôle d’intermédiaire. Elles possèdent un pouvoir réglementaire, c’est-à-dire qu’elles peuvent édicter des règlements, contrairement aux Parcs Naturels Régionaux.

 

Actuellement, la France compte 58 Parc Naturels Régionaux 11 Parcs Nationaux terrestres 10 Parcs Nationaux marins, 169 Réserves Naturelles Nationales, 183 Réserves Naturelles Régionales et 7 Réserves Naturelles de Corse, ainsi qu’une multitude d’autres niveaux de protection. Autant de mode de conservation que d’objectifs différents. Et vous l'aurez compris, si les réserves naturelles privées existent en France, la majorité est publique et non clôturée ! Même si la conservation en France est complexe, j’espère avoir pu vous éclairer un peu sur la diversité de ces outils de protection.

                                  

C'est tout pour ce mois-ci, et peut-être à bientôt pour un prochain post !


Crédits photos : Lucie Thel, Wikimedia

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