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La conservation en Afrique du Sud

L’Afrique du Sud se caractérise par une très grande richesse en termes de biodiversité, un atout naturel et touristique majeur pour le pays. Depuis la proclamation de la première réserve Sud-Africaine à la fin du 19ème siècle, de nombreuses réserves privées et parcs nationaux ont vu le jour dans le but de préserver l’environnement, mais aussi de favoriser le développement des communautés locales et du tourisme. La conservation en Afrique du Sud, qu’est-ce que c’est ?

 

 

Le principe de la conservation en Afrique du Sud étant très différent de celui appliqué en France, nous nous sommes dit avec ma sœur (enseignante en biologie-écologie en lycée agricole), que le sujet méritait un petit article croisé entre les deux pays. Il s’agit bien sûr d’une approche très superficielle et issue de notre propre perception des choses, mais nous avons trouvé intéressant de rassembler ces informations sur le sujet et vous proposons quelques liens vers des pages plus détaillées tout au long des deux articles à venir. Ce mois-ci je vous parle donc de ma compréhension de la conservation en Afrique du Sud après un an passé dans le pays. Le mois prochain, Lisa brossera un portait de la conservation en France à titre comparatif.

 

Le contexte naturel et historique Sud-Africain

L’Afrique du sud, avec ses quelques un million deux cent mille kilomètres carrés, représente environ deux fois la superficie de la France, pour une population totale légèrement plus faible et une densité de population deux fois moindre (50 contre 107 habitants par kilomètre carré). Le pays se partage grossièrement entre un climat méditerranéen au Sud, tropical à l’Est au Nord, et désertique à l’Ouest. De nombreux types de végétation coexistent, allant des savanes sèches voire désertiques du Kalahari, aux forêts côtières et mangroves du KwaZulu-Natal, en passant par la végétation buissonnante et succulente du Karoo ou encore le fynbos (un écosystème endémique de type méditerranéen) le long de la côte Sud et autour de la région du Cap. L’Afrique du Sud compte pas moins de cent mille espèces connues de plantes, animaux et champignons, et probablement moitié autant qui restent à découvrir. Du côté des mammifères, cette partie du monde compte plus de trois cents espèces, dont 17% sont menacées d’extinction et 10 % sont quasi menacées.


Une protea, plante caractéristique du fynbos et emblème traditionnelle de l'Afrique du Sud

La période colonialiste et l’apartheid ont conduit à une expropriation généralisée des populations indigènes des terres d’intérêts, qui se sont vues clôturées dans l’objectif de gérer leur contenu, ne laissant que 13 % du territoire aux populations autochtones et conduisant à de nombreuses difficultés socio-économiques (perte d’accès aux ressources naturelles, accentuation des conflits sociaux ou encore augmentation du pillage des cultures par la faune locale par exemple). Avec la fin de l’apartheid et la proclamation de la démocratie dans les années 1990, les communautés qui avaient été privées de leurs terres commencent à retrouver leurs biens qui, pour la plupart, se situent aujourd’hui dans des aires protégées. Initialement exclues de ce processus, les populations locales voient ainsi leur rôle dans la conservation du patrimoine naturel augmenter, mais le processus est long et laborieux, et encore inachevé aujourd’hui (Forestry, fisheries and Environment department of South Africa).

 

De la naissance de la première réserve à aujourd’hui

Il est intéressant de mentionner que si la première réserve naturelle officiellement proclamée en Afrique du Sud généralement citée est Hluhluwe-Imfolozi en 1895, il semblerait que la première réserve de chasse ait vu le jour quelques dix ans plus tôt ici même, entre Knysna and Tsitsikamma, afin de préserver les espèces chassables et les forêts, des ressources d’intérêt pour les colons britanniques (Forestry, fisheries and Environment department of South Africa). Hluhluwe-Imfolozi quant à elle présente la particularité d’avoir été le dernier bastion du rhinocéros blanc au début du 20ème siècle. Ce dernier a en effet été sauvé de l’extinction grâce à la protection de cette région et à la mise en place de programmes de conservation qui ont permis à la population de croitre à nouveau. Aujourd’hui, tous les rhinocéros blancs ont des ancêtres qui proviennent de cette réserve. Après une forte diminution des populations d’animaux sauvages causée par la chasse et la perte d’habitats, de nombreuses espèces ont été réintroduites dans ce parc comme dans les nombreux autres qui ont suivi, tels que le lycaon, un des grands prédateurs africains les plus menacés.


Un groupe de lycaons en quête de proies dans le parc Kruger, Afrique du Sud

A l’heure actuelle, l’Afrique du Sud compte 19 parcs nationaux, dont les vocations sont diverses. Protéger des espèces endémiques telles que le zèbre de montagne dans le Mountain Zebra National Park, assurer le maintien des ressources en eau grâce au Golden Gate Highlands National Park, entretenir le patrimoine historique et culturel à travers les fossiles des premiers hominidés découverts dans le Garden Route National Park, sont certains des objectifs majeurs de ces parcs, en plus de sensibiliser et éduquer le grand public aux problématiques environnementales tout à l’exposant à ces milieux naturels hors du commun. S’ajoutent à ces parcs nationaux plusieurs centaines de réserves privées de tailles variables, et dont les objectifs varient grandement, allant de la réserve de chasse sportive au sanctuaire rendu quasi inaccessible à l’Homme et à seule fin de protéger la nature, en passant par le tourisme photographique et safaris de luxe.


Clôturer pour mieux protéger ?

Bien que cette pratique soit de plus en plus remise en question aujourd’hui, le mot d’ordre en Afrique du Sud en matière de protection rester encore largement… la clôture. Clôturer les espaces protégés permet de limiter l’exposition des espèces sauvages au braconnage, de réduire les interactions négatives entre la faune et l’Homme, de garder un meilleur contrôle sur les espèces contenues dans le parc. Néanmoins, cela a pour conséquence de limiter de nombreux processus naturels tels que la migration et la régulation des populations de proies par les prédateurs, ou encore de réduire voire empêcher l’accès aux ressources par les communautés locales. Cette pratique entraine souvent la nécessité de mettre en place une gestion très interventionniste, qui peut passer par l’introduction régulière de proies pour maintenir les populations, ou au contraire la contraception/prélèvement de prédateurs pour limiter leur nombre, le déplacement de certains individus reproducteurs pour garantir la diversité génétique, ou encore la vaccination massive pour limiter les risques d’épidémie. L’étude des systèmes clôturés et de petite taille est un des axes de recherche majeurs du Wildlife Ecology Lab, et de nombreux projets de recherchent analysent les conséquences de ce fonctionnement en termes de mouvement, comportement, interactions inter-spécifiques, ... au sein de ces systèmes contrôlés.


Un guépard fait sa ronde dans la réserve de Marataba, Afrique du Sud

Malgré tout, il est important de noter que les choses avancent. Depuis quelques dizaines d’années maintenant, des initiatives de fusion entre réserves voient le jour, telle que la mise en place fructueuse des Associate Private Nature Reserves à l’Ouest du Kruger National Park par le retrait des clôtures les séparant, ce qui a permis d’étendre la zone protégée de plus de cent quatre-vingt mille hectares.

 

L’Afrique du Sud est un vaste territoire qui présente une richesse et une diversité naturelle incroyable. Si le pays a traversé et traverse encore des difficultés socio-économiques qui ralentissent les actions en matière d’environnement, la conservation et le tourisme restent des axes de développement importants du pays et des moteurs de la reconquête de son patrimoine.

 

C'est tout pour ce mois-ci, à bientôt pour un prochain post !


Crédits photos : Lucie Thel

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