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Comment passer un collier à votre lion en 6 étapes

Le mois dernier, j’étais au Parc National Pilanesberg avec d’autres membres de l’équipe du Wildlife Ecology Lab de l’Université Nelson Mandela, en Afrique du Sud. Notre objectif était de capturer les lions de la réserve pour les équiper de colliers GPS afin d’étudier leur comportement. Voilà un petit retour sur cette expérience incroyable !



Dans le cadre du Lion Project et d’autres projets de recherche du Wildlife Ecology Lab et ses partenaires, nous nous sommes rendus fin février 2023 au Parc National Pilanesberg, situé dans la province du North West en Afrique du Sud. L’objectif principal de notre visite : équiper les lions mâles de la réserve avec des colliers GPS et réaliser des prélèvements biologiques afin d’étudier leur comportement et leurs liens de parenté. Capturer un lion n’est pas une opération à prendre à la légère, cela requiert une préparation minutieuse et une équipe bien rodée !


1 - Localiser le lion

Les lionnes vivent en groupes familiaux appelés « clans », tandis que les mâles naviguent entre ces clans, en solitaire ou en groupe de quelques individus appelés « coalitions ». Une expédition antérieure dans la réserve ayant permis d’équiper de colliers émetteurs une lionne dans chaque clan, la tâche de localiser les mâles devient beaucoup plus facile ! A l’aide d’une antenne et d’un récepteur télémétrique (une radio qui capte les ondes émises par le collier, en quelque sorte), on parcourt la réserve jusqu’à capter le signal d’un clan. La puissance et la direction du signal nous permettent de nous rapprocher des lions jusqu’à les avoir dans notre champ de vision, et de constater si oui ou non le mâle ciblé les accompagne.

Le jeune mâle du clan de Malatse

2 - Evaluer la faisabilité de la capture

Si par chance l’individu visé est là, il faut évaluer s’il se trouve dans une zone du parc propice à sa capture. Cela signifie que la zone en question est assez éloignée de tout point d’eau (pour ne pas risquer une noyade lors de l’anesthésie), dans une zone dégagée et offrant une bonne visibilité (afin d’assurer la sécurité de l’équipe pendant les opérations), et suffisamment à distance des endroits les plus fréquentées par les touristes (afin de ne pas entraver les manœuvres de l’équipe et limiter le stress causé par les véhicules). Si toutes les conditions sont remplies, il est temps de réunir l’équipe ! De retour au camp, l’écologue, le personnel de la réserve et le vétérinaire sont alors contactés et se réunissent afin de planifier les opérations, distribuer les rôles et préparer le matériel.

Une zone dégagée du parc, propice à la capture

3 - Anesthésier le lion

De retour sur place avec l’équipe au complet, on s’assure que les lions sont toujours dans une zone optimale pour la capture (les lions se déplacent assez peu chaque jour). Un des véhicules se positionne à distance des lions, dépose une carcasse fraiche à proximité et commence à émettre des enregistrements de cris d’animaux en détresse. C’est l’appât. Les cris de phacochère et le fumet dégagé par la carcasse éveillent la curiosité de l’intéressé ! Le vétérinaire, positionné dans un autre véhicule sur la trajectoire des lions et équipé d’un fusil hypodermique, réalise l’anesthésie à distance. Les autres lions du groupe sont attirés un peu plus loin et occupés avec leur encas tandis que le mâle s’endort progressivement.

Les véhicules se positionnent de façon à offrir une bonne visibilité au vétérinaire qui doit anesthésier le lion

4 - Réaliser la pose et les prélèvements

Le lion est endormi, le chrono est lancé, il faut agir vite ! Les véhicules se positionnent autour du lion anesthésié afin de protéger l’équipe et un guetteur s’assure qu’aucune menace ne se présente aux alentours. Le vétérinaire est le premier à sortir du véhicule pour s’assurer que l’anesthésie fonctionne et donner le feu vert au reste de l’équipe. Prise des mensurations, prélèvements biologiques, pose et ajustement du collier, consigne des résultats sur la fiche de terrain, … chacun a un rôle bien précis et sait ce qu’il doit faire. C’est aussi l’occasion de vérifier que l’animal est en pleine forme et de réaliser quelques soins si nécessaire, comme le retrait d’une griffe infectée.

Les yeux du lion sont couverts pendant l'anesthésie de façon à limiter les stimulations extérieures

5 - Réveiller le lion

Une fois que toutes les opérations ont été réalisées avec succès, tout le monde regagne les véhicules pour que le vétérinaire administre l’antidote au patient. Le lion se réveille rapidement et regagne le couvert de la végétation et le reste de son groupe. Une fois que le vétérinaire a pu constater que le lion s'est bien réveillé, l’équipe ne s’attarde pas sur place afin de le laisser retrouver ses esprits en toute tranquillité.

Le vétérinaire injecte l'antidote au lion afin de le réveiller

6 - S’assurer que tout s’est bien déroulé

Le lendemain des opérations, il est nécessaire de retrouver le lion anesthésié la veille. On s’assure ainsi qu’il a pleinement récupéré suite à la capture. C’est aussi l’occasion de vérifier que le collier émetteur fonctionne bien et transmet les coordonnées comme prévu !

Le jeune lion a retrouvé son clan et se prélasse en sa compagnie

Le collier fonctionnera environ 18 mois avant que sa batterie ne se vide complètement. Il devra alors être retiré et/ou remplacé. Les localisations GPS transmises à intervalle régulier par le collier émetteur et l’analyse des échantillons biologiques permettront d’en apprendre davantage sur les déplacements du lion par rapport à celui des autres groupes habitant la réserve, selon leur degré d’apparentement.


C'est tout pour ce mois-ci, à bientôt pour un prochain post !


Crédits photos: Lucie Thel, Rob Davis

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