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African Field Course for Camera Trap Studies

Dernière mise à jour : 29 juin 2023

Ce mois-ci, j’étais au parc Kruger pour participer à un stage de formation à l’utilisation des pièges photographiques ("camera traps" en anglais) et l’analyse des données qu’ils produisent. Au programme : travaux pratiques sur le terrain, tables rondes, exercices de statistiques, sans oublier safaris et couchés de soleil !



Le Skukuza Science Leadership Initiative Campus (SSLI), situé à proximité de la ville et du camp touristique de Skukuza au cœur du Parc National Kruger (Afrique du Sud), nous a accueillis pendant une quinzaine de jours ce mois-ci pour un stage de formation intensif ! Nous avons formé à l’utilisation des pièges photographiques pour le suivi des populations animales et la recherche, des participants de près de dix nationalités différentes, allant de l’étudiant en master préparant son projet de recherche au responsable scientifique de réserve. Une expérience scientifiquement et humainement très enrichissante !


Qu’est-ce qu’un piège photographique ?

Un peu de contexte pour commencer. Le piégeage photographique est une méthode qui s’est développée depuis plusieurs dizaines d’années maintenant, et est devenue un outil majeur pour l’observation des animaux dans leur habitat naturel, que ce soit à des fin de suivi des populations ou de recherche en écologie, dynamique des populations, conservation, et bien d'autres thématiques. Le piège photographique est un appareil photo autonome qui capture des images de son environnement proche (jusqu'à une vingtaine de mètres environ). Il est utilisé de façon routinière pour inventorier les espèces présentes dans un milieu, mais aussi étudier par exemple l’activité, les déplacements ou encore les interactions des animaux, cela grâce aux nombreuses fonctionnalités dont il dispose aujourd’hui. Il est entre autres capable de prendre une ou plusieurs photos successives par détection infra-rouge de mouvement, mais aussi des time lapses et des vidéos, ceci de jour comme de nuit grâce à différents types de flashs dont certains peuvent être complètement invisibles. Cet outil permet ainsi une couverture importante d’un site d’étude tout en limitant le dérangement des animaux. Mais les données produites sont souvent de l’ordre de plusieurs milliers d’images et nécessitent l’apprentissage de méthodes statistiques adaptées afin de les analyser.

Un aperçu des différentes marques de pièges photographiques présentées lors du stage

Les cours pratiques

Pour commencer, les participants du stage ont été formés à la mise en place d’une étude par piégeage photographique. Ils ont ainsi pu essayer différents types et marques de pièges photos, différents réglages et placements, mais aussi tester différentes combinaisons de ces paramètres lors des séances pratiques dans le stade de Skukuza et dans le camp « Five minutes » qui comme son nom l’indique, se situe à cinq minutes de Skukuza ! Après cet entraînement, place à la pratique grandeur nature : les participants ont positionné une dizaine de pièges photos à différents endroits du parc et à proximité du camp de recherche, qu’ils ont relevés à la fin du stage pour découvrir les espèces capturées lors de la semaine. Ces moments ont aussi été l’occasion de réfléchir au "design expérimental", c’est-à-dire à la façon dont les pièges photos doivent être réglés et positionnés afin de répondre à une question scientifique précise, ou bien de cibler une espèce en particulier.

Un des nombreux visiteurs nocturnes que les pièges photographiques des participants ont capturé autour du camp de recherche : la genette

Les cours théoriques

Dans un second temps, les participants ont reçu une formation à l’analyse statistique de données dans les disciplines majeures qui peuvent être explorées à l’aide de pièges photographiques. En effet, il ne suffit pas de collecter les photos produites et d'identifier les espèces présentes (soit manuellement, soit à l'aide de logiciels développés spécialement dans ce but et faisant parfois appel aux intelligences artificielles pour optimiser le traitement des photos). Il faut organiser les données afin de pouvoir les analyser de façon rigoureuse ! Chaque jour a ainsi été consacré à un sujet différent, à commencer par une introduction au logiciel R, le logiciel de statistique actuellement le plus fréquemment utilisé en recherche. Suite à cela, les participants ont reçu une initiation à l’étude des patrons d’activité et d’occupation ainsi qu’à l’estimation de l’abondance spécifique (c’est à dire espèce par espèce), mais aussi à l’analyse de la composition des communautés d’espèces dans un milieu donné. Pour finir, les participants ont découvert la méthode de capture-recapture spatialement explicite, un modèle statistique qui permet d’estimer la présence d’individus d’une espèce donnée sur un territoire tout en tenant compte du fait que les pièges photographiques ne peuvent pas capturer tous les individus présents sur le site en réalité.

Formation à l’analyse statistique des données issues du piégeage photographique, à commencer par une introduction au logiciel R

Le parc Kruger, brièvement

A l’occasion de ce stage, nous avons eu la chance d’être accueillis au cœur du Parc National Kruger, l’un des plus anciens et des plus vastes parc nationaux en Afrique du Sud. Présentant une grande diversité d’habitats allant de la savane aux forêts de mopanis, en passant par des environnements très buissonnants, le parc s’étend sur 19 455 km² entre les provinces du Limpopo et du Mpumalanga. La première portion de ce qui deviendra par la suite le Kruger National Park, la Sabi Game Reserve, est officiellement reconnue comme réserve en 1898. Les frontières actuelles du parc dans son ensemble sont quant à elles établies en 1926. En 1993, les clôtures érigées autour du parc sont retirées sur sa section Ouest, entre le parc et les réserves privées attenantes, pour former le Greater Kruger National Park et favoriser le déplacement des animaux sur un territoire encore plus vaste. Le Great Limpopo Transfrontier Park voit officiellement le jour en 2002, joignant ainsi la section Nord-Est du parc avec les réserves attenantes du Zimbabwe et du Mozambique afin de promouvoir une gestion intégrée de ces espaces naturels représentant l'équivalent de la surface des Pays-Bas. Le parc Kruger à lui seul accueille près de 150 espèces de mammifères, avec une population d'environ 1 500 lions et 17 000 éléphants.

Le camp de recherche SSLI, à proximité de Skukuza dans le Parc National Kruger

Après l’effort, le réconfort… les excursions !

Rien de mieux que des images pour illustrer les moments incroyables dont nous avons été témoins pendant ce séjour, tant lors des excursions dans le parc qu’au sein même du camp de recherche !

Légendes de gauche à droite et de haut en bas : éléphants des savances, bucorve du Sud, buffles d'Afrique, singe vervet, hyène tachetée et lycaon, grand koudou, genette, impalas, cobe à croissant, gnou, hippopotames, zèbre des plaines, hyènes tachetées, éléphant des savanes, girafe, phacochère, lion, léopard, rhinocéros blanc, girafe.


Ces deux semaines de stage ont été l’occasion pour moi de prendre part à la formation des participants, mais aussi d’apprendre moi-même de nouvelles méthodes d’analyse. Par dessus tout, j’ai pu faire la rencontre de personnes formidables venant de nombreux pays et champs disciplinaires différents. J’ai déjà hâte d’être à l’année prochaine pour une nouvelle session du African Field School for Camera Trap Studies !


C'est tout pour ce mois-ci, à bientôt pour un prochain post !


Références


Crédits photos: Lucie Thel, Rob Davis

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